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Exposition René Peña, "TRANSITIONS"
Du 7 au 30 novembre 2024, pour le Mois de la Photo, la Galerie Vallois consacre dans son espace du 41 rue de Seine une rétrospective à l’un des plus importants photographes cubains : René Peña, connu également sous le surnom affectueux de Pupi.
Regroupant une trentaine de tirages, l’exposition parcourt l’ensemble de sa carrière, de 1989 à aujourd’hui.
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Né à La Havane en 1957, René Peña étudie d’abord le grec, le français et l’anglais à l’université de La Havane dont il sort diplômé d’anglais. Sans doute cette curiosité pour les langues et cultures étrangères traduit-elle déjà une forme d’anticonformisme… C’est en autodidacte qu’il se lance dans la photographie. Alors que dans les années 80-90, les circuits artistiques officiels continuent d’œuvrer à la glorification de la révolution castriste, l’artiste se tient à l’écart et développe un travail à contre-courant, tourné vers l’intime. Muni de son appareil soviétique de l’époque, un Zenit, Pupi documente la vie de ses compatriotes en photographiant leurs intérieurs, leurs objets. Ces natures mortes à la fois touchantes et kitsch, où l’on peut voir un angelot côtoyer une canette de Coca-Cola, disent tout de la période spéciale1 : les restrictions, l’appétence pour les produits interdits, la persistance des traditions religieuses…
En 1995, René Peña se met en scène tel un général, arborant sur la poitrine quantité de médailles (que le régime cubain attribuait à toutva aux citoyens qu’il jugeait méritants), entouré (ô scandale) de produits de marques américaines et, comble de la provocation, les lèvres outrageusement maquillées. Tout son vocabulaire artistique est déjà là : l’autoportrait, le goût pour le travestissement, le choc des cultures et un humour très subversif. Devenue culte, l’œuvre est aujourd’hui conservée au Musée des Beaux-Arts de La Havane.
Précurseur, l’artiste explore des thématiques taboues à cette époque à Cuba : la race, le genre, le sexe, l’appropriation culturelle. Il pose bien souvent nu et l’on compare ses photographies à celles de Robert Mapplethorpe, bien que René Peña conteste tout caractère homoérotique à son œuvre. Son univers repose sur les contrastes, les situations incongrues et l’utilisation d’accessoires porteurs d’une dimension symbolique et politique forte. Soignant ses mises en scène – le plus souvent sur un intense fond noir –, il alterne objets utilitaires du quotidien (théière, napperon, parapluie…), armes de guerre et attributs féminins. Dérangeantes, ambiguës, inquiétantes, scandaleuses, les images de René Peña sont toujours percutantes. Au fil du temps, l’artiste épure son esthétique, passe de l’argentique au numérique et du noir et blanc à la couleur. Son goût pour l’icône le pousse depuis quelques années à détourner des images mythiques : Atlas portant le monde, Marat assassiné dans sa baignoire…, toujours avec humour.
René Peña a participé à de nombreuses expositions, personnelles et collectives, à Cuba et ailleurs, et ses œuvres sont présentes dans les collections d’importants musées et centres d’art du monde entier comme le Musée des Beaux-Arts de Houston (Etats-Unis), le Musée national des Beaux-Arts (Cuba), ou encore le MALBA (Argentine). Il a reçu plusieurs prix prestigieux, notamment une mention honorable au Concours Mondial UNESCO/ACCU de Photographie (1993), le Prix OLORUM CUBANO (1996), parrainé par le Fonds Cubain de l’Image Photographique et le Grand Prix de la Biennale des Caraïbes (2002), organisé à Saint-Domingue, en République Dominicaine.
Du mardi au samedi
de 10h à 13h et de 14h à 19h.
Gratuit
Entrée libre